Église Saint-Blaise

Quatre églises se sont succédé à Écully. La première fut victime d'un funeste destin. La deuxième fut érigée dans le souvenir de cette tragédie. La troisième, bâtie en des temps plus paisibles, dut sa fin à sa fragilité et surtout aux besoins nouveaux d'une commune qui sortait de sa vocation exclusivement rurale pour entrer dans un âge différent. La quatrième, l'église Saint-Blaise que nous connaissons aujourd'hui, fait l'objet d'une présentation détaillée dans la brochure que lui a consacrée la Société d'Histoire en 2022.

Première église (…. - 1269)

Installés sur des terres que se partageaient les Chapitres de Lyon et de Saint-Just, les abbayes d'Ainay et de Savigny ainsi que l'église de Fourvière, les habitants du hameau désigné dans la charte de Savigny en 980 sous le nom de "Villa Excoliacus" disposent d'une église ou plutôt d'une chapelle, selon Vaesen et Vingtrinier. Selon des documents consultés dans ses archives, la paroisse d'Écully est mentionnée pour la première fois entre les années 1109 et 1132 dans un acte de restitution par Bérard, ancien archidiacre de Lyon.

On ignore la date précise de construction de l'édifice, situé à l'angle du chemin du Randin et de l'actuelle avenue Terver. En revanche, sa fin est datée avec précision de la funeste journée du 29 novembre 1269, veille de la fête de Saint André. Une plaque commémorative rappelle cette tragédie sur place.

  • Contexte historique des événements de 1269.

En ce temps, plusieurs entités se partagent le pouvoir à Lyon :

Le comte-archevêque de Lyon, investi de pouvoirs régaliens depuis 1157 par l'empereur germanique Frédéric Barberousse.

Les chanoines du chapitre de Saint-Jean qui ont reçu à titre collectif la dignité de comte de Lyon depuis l'édification de l'église-cathédrale de Lyon sous l'impulsion du pape Innocent IV

Les bourgeois de Lyon qui se considèrent à l'origine de la prospérité de leur ville et exigent de décider librement de leurs affaires, notamment en matière fiscale.

Au début du XIIIe siècle, de nombreux conflits opposent les uns aux autres.

Au printemps 1269, le poste d'archevêque est vacant. La seule autorité alors présente est celle du chapitre de Saint-Jean.

C'est contre cette autorité que se révoltent les Lyonnais. Les chanoines sont contraints de se réfugier dans le monastère fortifié de leurs confrères de Saint-Just qui subit les vaines attaques des assaillants. Ceux-ci se tournent alors contre quatre villages relevant de l'autorité des chapitres : Écully2, Civrieux, Couzon et Genay où ils se livrent au massacre, au pillage, aux incendies et au sacrilège. L'appui du comte de Forez aux chanoines calme les esprits ; les légats du pape et le roi de France imposent une trêve en janvier

On dénombre plus de cent-trente victimes éculloises dans l'église du village et à ses abords. Le procès aboutit à une sentence modérée qui comporte notamment la reconstruction de l'église sur un nouveau site.

Les autorités lyonnaises sortent affaiblies de ces événements qui encouragent les puissants voisins, comtes de Savoie, du Forez ou de Beaujeu à manifester leur appétit jusqu'à ce que Philippe le Bel, roi de France impose définitivement en 1312 sa souveraineté sur Lyon, jusque-là ville d'Empire.

Deuxième église (1274? - 1623)

Traumatisés par la tragédie de 1269, les habitants d'Écully ne reconstruisent pas la nouvelle église sur place, mais 350 m plus au nord, en un lieu nommé Treyve de Marlieu.

Le site précis (A sur le croquis ci-contre) ne serait pas celui de l'église Saint-Blaise que nous connaissons (C).

Il correspondrait plutôt, selon une hypothèse formulée par Charles Jocteur en 1996 3, à l'emplacement de la place Charles de Gaulle, alors au niveau du parvis de l'église actuelle4.

Cette modeste construction rectangulaire présentait des traits singuliers :

· L'orientation de la nef unique au sud et non à l'est, comme il est d'usage ;

· L'absence d'ouverture à l'est faisant penser à un mur de défense ;

· Le clocher massif, au toit à quatre pans presque plats, suggérant une tour de guet.

L'orientation inhabituelle permettait aux fidèles de prier en se tournant en direction de leur première église et son aspect fortifié leur offrait un sentiment de sécurité.

L'église semble alors plutôt isolée. Le plan scénographique de 1580 montre une seule maison à proximité, ce qui signifierait qu'à cette date le cœur du village ne l'avait pas encore rejointe. L'église est placée sous le patronage de saint Blaise. L'édifice est fragile. En 1596, un devis est réalisé pour la réfection de la voûte du chœur. En 1623, le mauvais état de l'église et son exigüité imposent la construction d'un nouveau lieu de culte à proximité du précédent.

Troisième église (1624 – 1842)

La troisième église s'inscrit à l'intérieur du plan de l'église d'aujourd'hui. Des traces de couleur sur les dalles du sol actuel en précisent la dimension et l'orientation. Un an après sa construction, le clocher s'écroule et doit être rebâti.

C'est une construction simple, dont seul le chœur en voûte d'arête à nervure présente une recherche architecturale. Au fil des années, la nef unique est flanquée de chapelles financées par des notables. Les comtes de Lyon et les barons de Saint-Just arborent tour à tour leurs armes sur son vitrail principal. Pendant la Révolution, elle est un temps le "temple de la raison", avant de revenir à son titre et d'accueillir les premières messes de Jean-Marie Vianney.

En 1823, l'édifice montre des signes de fragilité qui incitent le curé Tripier et le maire Antoine Lacène à demander à M. Chipiez, charpentier et adjoint au maire, un plan et un devis pour une restauration. En 1827, le conseil municipal s'émeut à nouveau du délabrement de l'église, confirmé par M. Hotelard, architecte. Une reconstruction complète est rejetée en raison de son coût.

En 1828, Jean-Baptiste Royé-Vial devient maire d'Écully et en 1831 le curé Brondelle prend en charge la paroisse après le décès de son prédécesseur. Le curé Brondelle réclame non plus une restauration, mais une nouvelle construction pour répondre aux besoins d'une population en pleine croissance (moins de 1000 habitants en 1800, plus de 1500 trente ans plus tard). Le maire, engagé dans la construction de la nouvelle mairie-école décide d'affecter à son chantier les fonds (12 000 F.) récoltés initialement pour l'église. Sous la pression du curé Brondelle, une commission réunie par le maire finit par décider le 20 juin 1833 de construire une nouvelle église, dont le coût est alors estimé à 45 000 F. Encore fallait-il ajouter les dépenses liées au déplacement du cimetière au lieu-dit "Les granges", réalisé en 1836. Un concours est lancé pour l'église ; les six projets reçus sont analysés en juin 1835.

Les atermoiements autour de la construction de l'église ne sont pas sans effet sur la vie municipale. Une querelle divise les participants au scrutin censitaire de 1837. En 1838, Antoine-Marcel Brisson devient maire et les relations avec le curé s'apaisent. Il faut toutefois attendre le 9 février 1840 pour que le conseil municipal choisisse enfin Claude-Anthelme Benoit comme architecte.

Tous les efforts sont consacrés au financement : souscriptions, vente de concessions au nouveau cimetière, appel au Ministre des Cultes, dont le député, M. Jars, obtient 30 000 F. La taille, l'orientation et le choix de l'accès donnent lieu à des débats soutenus. Le 25 septembre 18425, le contrat d'exécution des travaux est conclu avec M. Solignat, maçon à Saint-Didier, dont la facture s'élèvera finalement à 121 135 F.

Quatrième église, Saint Blaise (1844 ...)

Les services religieux sont provisoirement célébrés dans la grande salle du rez-de chaussée de la mairie. Les travaux de construction de la nouvelle église sont rondement menés et le culte est célébré dans le nouveau bâtiment dès 1844. La décoration n'est pas achevée. La consécration de l'église Saint-Blaise par le Cardinal de Bonald, a lieu le 26 octobre 1846.

Les travaux se poursuivent jusqu'au début du XXe siècle. La pose des vitraux se termine en 1858, le clocher reçoit son carillon en 1864, l'orgue est installé en 1895 ; Elie Laurent décore la voûte de l'abside en 1897, puis peint les deux tableaux du chœur en 1901 ; enfin Jean-Baptiste Larrivé réalise les statues du chœur en 1910.

Des modifications affectent l'église en 1962 sous l'impulsion du maire Guy de Collongue et du curé Jullien de Pommerol : Les peintures intérieures sont refaites et recouvrent largement la somptueuse décoration réalisée à la fin du XIXe siècle (voir page suivante).

Les neuf médaillons du chœur des anges sont effacés de l'abside, la voûte en berceau dominant les stalles perd les paons qui l'ornaient, les symboles des évangélistes disparaissent des trompes de la coupole. Seule demeure la colombe du Saint-Esprit.

Le concile Vatican II (1963-1965) apporte de profonds changements dans la manière de célébrer la messe et l'eucharistie et entraine une mutation de l'espace liturgique. La chaire, la table de communion et l'autel sont affectés : La chaire, réalisée en pierre de Cruas, sur les dessins de Benoît, est détruite en mars 1969, ainsi que la table de communion du chœur. Le nouvel autel est dessiné par l'architecte Metge (également auteur de l'extension de l'hôtel de ville d'Écully) et réalisé par Derriaz l'année suivante afin de permettre les célébrations face aux fidèles.

En 1991, la chapelle mortuaire qui terminait la basse-nef de droite est supprimée lors d'une restauration confiée à l'architecte Bonneyrat.

 

  • Description 

D'inspiration romano-byzantine, l'église Saint-Blaise dresse au cœur du village une silhouette imposante de 44,80 m par 22,40 m. La façade est revêtue de pierre grise de Tournus, tandis que le reste du bâtiment laisse apparaître les tons chauds de la pierre de Couzon.

Son clocher porche, haut de 32 m, flanqué de quatre pyramidions, sa coupole octogonale et son plan, font penser à la basilique Saint-Martin d’Ainay. Cette ressemblance n’est pas fortuite puisque l'architecte de l’église Saint-Blaise, Claude-Anthelme Benoit, avait en charge la restauration et l’entretien de la basilique lyonnaise.

Gravissant une dizaine de marches on pénètre dans le narthex que clôt une grille en fer forgé dessinée par Benoit. Une porte à deux vantaux donne accès à la nef principale, en voûte d'arête, qu'éclairent dix vitraux. Une tribune surmonte le narthex.

La grande nef en voûte d'arête, longue de 19,20 m et large de 8,60 m, s'ouvre sur deux bas-côtés, de 4,16 m de large chacun, par cinq arcades reposant sur des colonnes cylindriques à base carrée, marquées par les croix de consécration.

Les basses-nefs, en voûte d'arête, sont éclairées chacune par cinq baies. La basse-nef de gauche s’achève par les fonts baptismaux.

Le bras nord du transept donne accès à la sacristie et à la chapelle de la Sainte Vierge, le bras Sud à la chapelle du Sacré-Cœur. Les deux chapelles ont une profondeur de 5,30 m.

L'orgue est placé à proximité de la chapelle du Sacré-Cœur.

La croisée du transept, de 8,25 m par 8,60 m est coiffée par une coupole octogonale sur trompes, haute de 17,25 m et reçoit la lumière par trois vitraux. Un autel moderne, permettant les célébrations face aux fidèles, s'y trouve depuis 1971.

Le chœur est constitué d'une abside circulaire d’une profondeur de 8,98 m. Il est éclairé par cinq baies et abrite l'ancien maître-autel.

La carte des différents lieux référencés et les temps de parcours à pied entre eux.

 

Lien vers la carte dynamique

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